lundi 24 octobre 2016

Jean Bourdichon et atelier, Christ bénissant et Vierge en oraison


 Introduction :
Mon exposé va porter sur une oeuvre de Jean Bourdichon intitulé le Christ bénissant et la Vierge en oraison. Les panneaux sont réalisés vers 1480 et conservés à Tours au musée des Beaux-Arts. Il s'agit de deux panneaux de format quadrangulaire étiré en hauteur. Le Christ est montré bénissant de sa main droite et porte une tunique bleue violacée, il est légèrement tourné vers la gauche et tourne son regard vers son pendant. Face à lui la Vierge est montrée en prière avec les mains jointes et les yeux baissés, elle est vêtue de bleu. Un voile blanc est ramené devant elle et souligne la valeur de son visage et de son coup. Les deux figures sont nimbées et se détachent sur un fond d'or apposé sur un panneau de noyer. Les deux panneaux ont été acquis en 2007 sur les conseils de Dominique Thiébaut par le Musée des Beaux-Arts de Tours, ils sont passés dans les collections de deux anciens conservateurs du Louvre dont Paul Vitry qui a découvert la Pietà de Nouans en 1931 .
À l'époque Tours est un foyer des arts, de Charles VIII à François Ier elle reçoit les faveurs des rois pour leur séjour ce qui lui permet de bénéficier d'une certaine prospérité. En effet de 1470 à 1524, quatre rois se succèdent : Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier, leur prédécesseur Charles VII avait mis fin à la guerre de 100 ans par un traité signé à Tours en 1444 et par ses victoires en Normandie et en Guyenne. Louis XI quant à lui étendit le royaume, il vaincu le duc de Bourgogne et récupéra l'Anjou et la Provence. Charles VIII monta sur le trône âgé de 13 ans mais c'est sa sœur Anne de France dame de Beaujeu qui exerce en réalité le pouvoir bien qu'elle ne soit pas régente. Charles VII s'était réfugié à Bourges puis à Tours, les institutions et administration royale regagnèrent Paris en 1436 mais la cours resta dans le Val de Loire. La cour itinérante suivit le roi qui séjourna de manière privilégiée en Touraine. Les souverains résident peu dans la ville elle-même mais Tours devient quasiment une capitale. Les financiers, marchands et artistes suivent la cour et s'installent à tours. En peinture la production tourangelle est insaisissable avant Jean Fouquet, qui apparaît longtemps comme le fondateur de ce que l'on a appelé l'école de Tours. Le style tourangeau est linéaire et précieux.
• Historiographie du peintre et attribution de l’œuvre
◦ Jean Bourdichon peintre de cour
Jean Bourdichon, portrait de saint François de Paule,
1507
Il est né vers 1456-1457, cette date nous est connue car il se serait dit âgé de 56 ans lors du procès de canonisation de Saint François de Paule en 1513. Il serait mort avant juillet 1521. Il était peintre et enlumineur et fut actif à Tours 2478 à 1521 en tant que peintre royal au service de quatre rois qui sont Louis XI, Charles VIII, Louis XII, dont le règne marque l'apogée de la carrière du peintre, le roi offrira des dots aux filles de Bourdichon et François Ier. il possède d'ailleurs une maison rue de la serpe a tours et loue des métairies à Sapaillé sur la rive droite et à Fondettes. Il est connu pour la réalisation des grandes heures d'Anne de Bretagne sur lequel portera l'exposé de la semaine prochaine. Il reçoit 1479 un paiements ordonnés par Louis XI pour des travaux de polychromie. La faveur royale dont il jouissait ne fut jamais démenti et il est cité dans les comptes royaux de 1481 à 1520 comme « enlumineur et valet de chambre » puis en tant que « peintre et valet de chambre du roi». En 1484 il réalise la dorure et la peinture de chaise en bois tourné qu'il avait fait faire pour Marguerite d'Autriche épouse de Charles VIII. En 1490 il dessine des robes et des modèles de monnaie. Il est aussi connu pour son travail d'enlumineur de manuscrits et il exécute quelques peintures sur bois. C'est également un peintre de portraits, il réalisa par ailleurs en 1491 le portrait de Charles VIII, de la reine Anne, de Charlotte d'Aragon et de Jehan Bourgeois. Il réalisa également le portrait de François de Paule en 1507 et celui de François Ier en 1516, malgré la grande pluralité de l’œuvre de cet artiste la majeur partie ne nous est pas parvenue. Cet artiste fut très apprécié au XIXe siècle car considéré comme le Pérugin français c'est cette même raison qui causa sa critique défavorable par la suite. Trois expositions permirent de remettre son œuvre sur le devant de la scène. Il s'agit de « quand la peinture était dans les livres » en 1993, de « France 1500» et de « Tours 1500 » en 2010. L'œuvre de Jean Bourdichon montre ainsi un langage visuel correspondant aux fastes de la cour.
◦ L'attribution de l’œuvre à Jean Bourdichon

Vierge en oraison, dite « Vierge de Riga »,
 Londres, collection Sam Fogg
Jean Bourdichon, saint Luc,
 Grandes Heures d'Anne de Bretagne,
Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Lat.
L'attribution à Jean Bourdichon fut imposée très tôt et dès 1936 Jacques Dupont a proposé d'y voir une œuvre d'ateliers. Cette hypothèse fut reprise par Raymond Limousin qui trouva que la Vierge faisait preuve d'un « assez bon travail d'atelier, assez postérieure » à la Vierge de Riga4 et considéra le Christ « bien conventionnel » et même « assez banal ».
Jean Bourdichon, Annonciation,
 Heures de Frédéric III d'Aragon,
Bibliothèque nationale de France,
vers 1501-1504, f. 106
Le catalogue de 1961 suit la même idée et dit y voir « des œuvres de l'atelier de Bourdichon, répétant sans doute des compositions de jeunesse du maître, encore sous l'influence de Fouquet vers 1485-1490 ».Dominique Thiébaut s'est montré plus prudente lors de leur acquisition par le musée en disant que « leur filiation avec l'art de Fouquet et leurs datations à la génération suivante ne font pas de doute » mais en jugeant qu'il était « impossible de les attribuer à une main précise ».Eberhad Konig propose de les attribuer au maître du Boccace de Munich dans lequel François Avril suggère de reconnaître l'un des fils de Fouquet. Il propose également de restituer un format cintré comme dans le portrait tenu par saint Luc dans les Grandes heures d'Anne de Bretagne et les Heures de Frédéric III d'Aragon.
Selon lui la reproduction la plus fidèle de l'ensemble fut donné par Bourdichon dans les Heures de Charles VIII où la forme cintrée du diptyque est encore visible au revers des feuillets malgré le fond qui a été recouverts d'un drap d’honneur de brocart d'or fleuri de blanc. Selon Tour 1500 il n'y a pas lieu de restituer ce sommet cintré. Susie Nash et Nicholas Hermann précise que cette attribution ne peut être valable que pour le Christ bénissant.
Jean Fouquet, Vierge à l'Enfant
des Heures de Simon de Varye,
Bibliothèque royale, La Haye,
 vers 1455, f. 1 v.
Maître de Bourbon-Vendôme,
La Mort fauchant les grands de ce monde,
Heures de François de Bourbon de Vendôme, 
Paris, Bibliothèque de l'Arsenal, 
vers 1475-80, 13,8 × 9,6 cm, f. 70
La Vierge est une proposition de Bourdichon inspirée de Jean Fouquet comme on le voit dans la petite Vierge des Heures de Simon de Varye conservée à la Haye. Mais Bourdichon est bien à l'origine de la silhouette triangulaire qui est sa marque de fabrique prouvée par l'image tenue dans les mains de Saint Luc dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (image plus haut).
 
 
Ce type de Vierge apparaît très tôt dans l'œuvre de Bourdichon puisque présente en 1475 dans l'initiale de la prière Obsecro te des Heures de Bourbon de Vendôme et dans l'O intemmerata.
 
Maître du Boccace de Munich,
La Sainte Face, enluminure détachée
provenant des Heures dites d'Anne de Beaujeu,
dame de Baudricourt, Paris,
Bibliothèque nationale de France,
vers 1470-75, parchemin, 13 x 9 cm, folio 13 bis.
 
 
 
 
Pour le Christ une comparaison avec la Sainte Face des Heures d'Anne de Baudricourt démontre un modèle similaire à l'œuvre du maître du Boccace de Munich. Il y a une similitude presque totale du tracé ovoïde, des yeux effilés aux cernes marqués, l'arc régulier des sourcils épousant l'arcade sourcilière, le l'on est aux fines narines étirées en hauteur, la courte bouche à la lèvre inférieure marquée par une ombre médiane, la barbe bifide et la chevelure abondante séparée par une raie centrale ondulante et tombante en cascade sur les épaules. Le Christ a également la même tunique violette au col orné de galons dorés. Cependant la technique et le dessin, comme par exemple des doigts très étirés traités en cylindre aux contours très ombrés indiquent l'exécution des deux panneaux par une même main, confirmé par les caractéristiques du dessin sous-jacent. De plus la présence des fonds d'or se retrouve dans plusieurs miniatures de l'artiste. Il s'agit donc d'une œuvre soignée réalisée soit par Bourdichon soit par son atelier et reprenant une de ses compositions.
• Analyse stylistique
◦ Une œuvre précieuse
Les dimensions des deux panneaux étaient identiques à l'origine et c'est ce qui a permis de déterminer qu'il s'agissait d'un diptyque ou qu'il se faisait pendant. Malheureusement les panneaux furent amincis et rognés ce qui entraîna pour le Christ la disparition de sa main gauche peut être posée sur un globe si on compare avec un diptyque en émail de limoges de Jean Ier Pénicaud conservé à Paris au musée national du Moyen Âge et qui dériverais manifestement de nos deux panneaux. Ont également disparu une partie de son auréole, le bord latéral de sa manche droite et la partie inférieure du buste. Pour la vierge cela a entraîné l'amputation de la partie haute du nimbe, du bord de sa manche droite et une partie basse du panneau. Élisabeth Ravaux auteur du rapport d'analyse de la restauration conclut à des dimensions originales atteignant 60 × 45 cm.
Vierge en oraison, dite « Vierge de Riga »,
 Londres, collection Sam Fogg
Les examens de laboratoire ont révélé sur les panneaux des tracés préparatoires de dessin au trait et des incisions sans aucun repentirs qui indiquent l'utilisation d'un calque ce procédé de reproduction semble expliquer l'existence d'une vierge semblable dite vierge de Riga  conservée dans la collection Sam Fogg à Londres. La Vierge de Riga a des dimensions identique parfaitement superposables ce qui veut dire que ce sont deux vierges qui dérivent d'un prototype commun. Il s'agit donc d'une image produite en petite série qui restait cependant des œuvres précieuses puisqu'on été mis en œuvre l'emploi de pigments bleus provenant de lapis-lazuli pour le manteau de la vierge ainsi que de laque rouge sur fond d'or pour les nimbes. Cette reproduction n'est pas avoir dans un but commercial mais plutôt comme un moyen de conserver la sacralité d'une image réputée Sainte. Cela explique l'emploi du fond d'or qui nie l'espace profond mais souligne l'appartenance céleste des figures divines et les places dans un monde une temporalité divine.
La restauration effectuée entre 2003 et 2005 a supprimé les repeints et laissés le bois nu quand la couche picturale faisait défaut. L'analyse du centre de recherche et de restauration des musées de France C2RMF en 2010 a permis de préciser l'état de conservation et les techniques mises en oeuvre pour la création des deux panneaux : l'utilisation du noyer pratique repérant bourgogne en France méridionale au XVe siècle renvoi au bois de la Pietà de Nouans les Fontaines peinte par Fouquet vers 1460 et correspond à un usage tourangeau.
 
 
Dans le portrait tenu par saint Luc dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne15 et dans l'enluminure de Fouquet16, le fait que saint Luc l’évangéliste peintre tienne ou soit montré avec un volet du diptyque prouve la renommé exceptionnelle de la composition dans le milieu artistique tourangeau autour de 1500.
◦ Une œuvre de piété
Le modèle dérive des portraits miraculeux répandus en orient avec le mandylion et en occident avec la Vera Icona répandus grâce au relais que constitue Venise après le sac de Constantinople en 1204. Il dérive plus précisément de l'iconographie byzantine extraite de la composition de la Deisis qui réunit Jésus bénissant entre Marie et saint Jean.
 
 
 
 
 
 
Ce motif se retrouve dans le retable de l'agneau mystique par Hubert et Van Eyck et dans l’œuvre de Rogier Van der Weyden dit triptyque Braque.
 
 
 
 
Ces images sont largement diffusées en Flandre au XVe et trouvent un relais dans la peinture française du XVe dans le milieu tourangeau comme dans le royaume bourguignon avec Robert Campin.
 
 
 
 
 
 
 
La diffusion se fait par la reprise ou copie du dytique offert par le pape clément VI au futur roi jean le bon lors de sa visite en Avignon en 1342 commémorée par un tableau aujourd’hui perdu mais connu par une copie de Roger de Gaignières.
 
Le Christ du diptyque de Tours n'a cependant pas le même sens iconographique que la Vierge. Il s'agit d'un Christ sauveur mis en dialogue avec une Vierge d'intercession, la fonction étant donc de recevoir les suppliques des commanditaires probablement dans un cadre privé suggéré par les dimensions modestes des œuvres. Il existe de nombreuse variantes du motif de la Vierge et du Christ en diptyque ou réunis en un seul tableau qui ont toujours pour but d'insister sur les émotions des protagonistes. Cette idée ne revient pas à Bourdichon mais a un peintre de l'atelier de Fouquet. Lorsque Bourdichon place dans les grandes heures d’Anne de Bretagne un petit tableau a l'effigie de cette vierge entre les mains de saint Luc, le saint patron des peintres car une tradition remontant à l'antiquité tardive lui attribue un portrait de Marie, il revendique la sacralité de la composition et en fait une enseigne de son art. Il s'identifie ainsi à la figure du saint, et l'hypothèse comme quoi se serait un autoportrait paraît plausible mais n'est pas vérifiable. Par la suite Bourdichon composera des diptyques analogues avec la même Vierge faisant face à un Christ plus conforme aux canons de l'artiste,  dans les Heures de Charles VIII ou dans un livre de prières enluminé pour un destinataire inconnu.
 Enlumineur tourangeau proche de Jean Bourdichon,
Le Christ et la Vierge, Livre de prières,
 Saint-Germain en-Laye, bibliothèque municipale, vers 1470-75
 
• Dans la suite de Jean Fouquet
 
La présence de Jean Fouquet à Tours est effective à partir de 1450 au retour de son séjour italien. Il fut peintre du roi louis XI a partir de 1475. il travaille a la fois pour ville de tours , la cour et l’église. Fouquet renouvelle la présentation des livres d'heures en cadrant a mi corps les personnages les rapprochant ainsi plus fortement du dévot, cependant il y a une opposition avec Jean Fouquet dans l'usage du fond d'or qui lui limite les effets de proximité. Il a former de manière conjointe le maître du Boccace de Munich et Jean Bourdichon qui , à sa mort, lui succède dans  l'office royale et dominera la scène tourangelle jusqu'à sa mort en 1521. Cependant Jean Brèche avocat et humaniste lorsqu'il énumère un panorama de la production artistique tourangelle l'omet de manière curieuse. Le buste du christ est dérivé de Fouquet comme l'indique le type masculin très proche du saint Jean de la Pietà de Nouans.
Maître du Boccace de Munich,
La Sainte Face, enluminure détachée
provenant des Heures dites d'Anne de Beaujeu,
dame de Baudricourt, Paris,
Bibliothèque nationale de France,
vers 1470-75, parchemin, 13 x 9 cm, folio 13 bis
 
 
 
Il serait d'ailleurs probable que le modèle précis viennent du maître du Boccace de Munich, élève de Fouquet qui peignit un buste de Christ bénissant analogue dans les Heures dites d’Anne de Beaujeu, dame de Baudricourt. Le type physique est identique ainsi que le traitement des cheveux et de la barbe.
Jean Bourdichon, Vierge de l'Annonciation,
Heures de Louis XII, Londres, British Library,
vers 1498-1502, 24 x 17cm, ms. Add. 35254 v.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Une analyse des Heures de Louis XII par Nancy Turner démontre la connaissance du vocabulaire de Fouquet par Bourdichon mais également de ces techniques picturales, avec pour rappel l'utilisation du bois de noyer, et la présentation de buste a mi corps.
Jean Colombe, Dieu créateur des poissons
et des oiseaux, Heures de Louis de Laval,
Bibliothèque nationale de France,
vers 1470-1480 f.4v.
Le type du christ reprend la chevelure abondante et ondulé de l'iconographie de Jean Fouquet et montre l'influence du visage d’Adam dans le retable de l'agneau mystique.
 
 
On retrouve le même type de visage dans une miniatures fouquettienne des Heures de Louis de Laval. Il est important
de noter qu'il s'agit tout de même de la première version connue du christ bénissant sa mère peut-être même le prototype des variantes citées.
Conclusion :
Cette œuvre est donc un des rares exemples de la peinture sur panneau tourangelle qui nous soit parvenu. Il s'agit d'une œuvre de dévotion sur un modèle iconographique byzantin exécutée vers 1480 dans l'atelier de Bourdichon au début de sa carrière marqué par l’apprentissage qu'il a effectué auprès de Jean Fouquet. Cette œuvre a ainsi été réalisée d'après ses modèles et sous son contrôle pour un riche commanditaire. Cependant l’œuvre pour laquelle l'artiste est reconnu est celle des grandes heures d’Anne de Bretagne que j'ai évoqué en début d'exposé.
 
Bilbliographie:
• Chancel-Bardelot, Béatrice de, Charron, Pascale, Girault, Pierre-Gilles, Guillouët, Jean-Marie, Tours 1500 capitale des arts, Paris, Musée des Beaux-Arts de Tours, 2012, p. 154 à 161, p. 247 à 251
• Taburet-Delahaye, Elisabeth, Bresc-Bautier, Geneviève, Crépin-Leblond, Thierry, France 1500 entre Moyen Age et Renaissance, Paris, Réunion des Musées Nationaux, 2010, p. 264- 265
• Tours 1500 exposition au Musée des Beaux-Arts de Tours, Dossier de l'art n°193, Dijon, Faton, 2012, p. 14 à 20, p.22 à 24, p.32 à 43
• Porcher, Jean, Jean Bourdichon, peintre et enlumineur, son atelier et son école, Lyon, presse académique, 1954, p. 7 à 17, p.37 à 38

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire