Gustave Caillebotte, Rue de Paris; Temps de pluie, 1877, huile sur toile, 212 x 276 cm, Chicago, the Art Institute
Gustave Caillebotte vers 1878 (collection privée) |
La seconde moitié du XIXe siècle voit naître un autre type de ville, la « métropole ». La réussite exceptionnelle d'Haussmann est d'avoir su, en faisant de Paris le "chef-lieu de l'Europe", ajuster l'efficacité du fonctionnement et la beauté des espaces publics, jardins, et avenues. L'exposition universelle permet de bousculer les routines et d'accélérer les processus de transformation de la métropole. L'urbanisme haussmannien est pourtant contesté par les tenants d'un art urbain «culturaliste».
Le Pont de l'Europe, 1876, huile sur toile, 124.7 x 180.6, Genève, Musée du Petit Palais |
Peintres en bâtiment, 1877, huile sur toile, 89 x 116 cm, collection privée |
Ce paysage urbain est intéressant pour Caillebotte qui considère qu’un paysage est intéressant à peindre à partir du moment où il peut le peupler de personnages, et c’est ce en quoi il diffère de Cézanne, Pizarro, Sisley et Monet. Ce paysage urbain est facilement repérable dans Paris pour un contemporain de Caillebotte puisqu’il représente le carrefour formé par les rues de Moscou, Clapeyron, Turin et Saint Pétersbourg dans le quartier de l’Europe dans le VIIIe arrondissement. Il faut savoir que ce quartier est limitrophe à celui des Batignolles, quartier où Manet loue un atelier dans les années 1870. Cette zone géographique ainsi représentée est le fruit de la seconde campagne de travaux réalisés par Haussmann. Ce que l’on peut noter c’est que Caillebotte a sans doute dut assister à la transformation de ce quartier et donc à la construction des bâtiments.
Caillebotte pris par ailleurs le soin de reproduire la monotonie architecturale du Paris haussmanniens, aspect que l’on reprochait a Haussmann, Léon de Lora lors de l’exposition en 1877 trouvera que « la toile est trop grande ; [que] l’aspect, triste, est ennuyeux ». Cette monotonie ainsi que le titre de l’œuvre pourraient signifier que cette rue de Paris est une rue quelconque de Paris, cela est dut au fait que les rues de Paris semblaient toutes se ressembler au fur et à mesure des travaux de modernisation lancés par Haussmann, et c’est le reproche principal qui lui fut d’ailleurs fait. Les vieilles rues furent rasées par souci d’hygiène, la propreté impeccable de la rue dans l’œuvre de caillebotte fait ainsi partie d’une des composantes de la modernité. Les rues de Paris et l’œuvre plus précisément se font ainsi l’image de l’homogénéité sociale.
L’œuvre semble immobile et engourdie dans sa structure impérieuse et ce dut à la représentation des immeubles qui sont des constructions du second empire. La présence des personnages rajoutés après avoir fixé l’architecture ne permet pas de rendre plus mobile cette image, car ils sont en réalité soumis à l’architecture de la ville moderne. Enfin cette ordonnance architecturale du paysage urbain à un impact sur l’agencement de la scène dont l’une des grandes lignes de la composition est le lampadaire.
Dans cette œuvre il est important de noter le rapport fait avec la photographie. Les trois personnages en gros plans ont en effet leur homologue dans la photographie. Gustave Caillebotte emprunte de plus à la photographie son exactitude technique avec la vérité optique qui lui permet de se réclamer du réalisme, mais également les bizarreries optiques dont elle fait preuve. Le premier dessin de Rue de Paris a de plus une dimension (26 X 37) proche de celle de plaques photographiques couramment utilisées à l’époque. Le croquis que l’on distingue en dessous pourrait donc bien être inspiré d’une photographie.
Mais le rapport à la photographie n’est pas la seule caractéristique de l’organisation de l’œuvre. En effet nous parlions précédemment d’une des lignes principales qui se trouve être le lampadaire, il divise la scène en deux parties : celle de droite plus centrée sur les personnages et celle de gauche plus centrée sur l’architecture. Caillebotte a choisi de placer la ligne d’horizon, qui n’en est pas réellement une, au niveau d’une des moulures du réverbère et à choisit de représenter toutes les têtes des personnages sur cette ligne ce qui lui permettait de rajouter autant de personnages qu’il le voulait.
Il a cependant choisi de construire sa composition en faisant référence à la section dorée appelée également divine proportion qui est le rapport idéal entre deux grandeur, référence au nombre d’or, et c’est ce nombre qui régit l’emplacement de tous les éléments de la toile. L’utilisation du nombre d’or gouverne les proportions et montre l’objectif du peintre à créer un espace ordonné au motif de surface rigide formé par les personnages, en opposition à Un dimanche après-midi à l’Ile de La Grande Jatte de Georges Seurat. Certains personnages sont de plus placés de manière à former des fuyantes.
L’agencement complexe de cette toile ne peut vous être décrit dans sa totalité car il nécessiterait un approfondissement poussé et ce dut à sa grande complexité mathématique. Il est donc important de noter que Caillebotte ne s’est pas contenter de placer ces personnages de manière aléatoire mais qu’il a suivi des systèmes mathématiques complexes. L’agencement symétrique de cette toile est à opposer à celui du Pont de l’Europe qui est asymétrique.
L’agencement complexe de cette toile ne peut vous être décrit dans sa totalité car il nécessiterait un approfondissement poussé et ce dut à sa grande complexité mathématique. Il est donc important de noter que Caillebotte ne s’est pas contenter de placer ces personnages de manière aléatoire mais qu’il a suivi des systèmes mathématiques complexes. L’agencement symétrique de cette toile est à opposer à celui du Pont de l’Europe qui est asymétrique.
Georges Seurat, Un dimanche après-midi à l'Ile de La Grande Jatte, 1884-1886, huile sur toile, 207,6 x 308, Art Institute, Chicago |
Bibliographie:
- Gustave Caillebotte, 1848-1894, Réunion des musées nationaux, Paris 1994
- Darragon Eric, Caillebotte, Flammarion, Paris, 1994
- Loyrette Henri, L'art français: le XIXe siècle (1819-1905), Flammarion, Paris, 1999
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